Il y a quelques jours, le studio Warner Bros. s’entendait avec Johnny Depp pour mettre fin à son contrat sur la saga Les Animaux Fantastiques, deux films trop tard pour s’éviter une polémique. L’acteur, engagé pour le rôle de Gellert Grindelwald dans cette extension de la franchise Harry Potter, expliquait sur les réseaux sociaux que la production lui avait demandé de se retirer. Aux yeux de ses (nombreux) fans, un cas flagrant d’injustice, de la part d’un studio qui courberait l’échine face au mensonge médiatique et à de scandaleuses allégations capables de ruiner la carrière du bonhomme (pour rappel, en procès avec son ex femme Amber Heard qui l’accuse publiquement de violence conjugale).
Une fois la panoplie habituelle de réactions passionnelles remises dans la boîte, le Hollywood Reporter s’est penché sur les détails de ce renvoi, signé d’un commun accord par les deux parties. Selon l’antenne de presse spécialisée, Depp touchera l’ensemble du salaire prévu dans son contrat pour ce troisième Les Animaux Fantastiques, quelle que soit sa participation concrète au projet. Comme beaucoup de comédiens de sa catégorie, l’interprète de Grindelwald aurait eu droit à un accord particulier avec Warner Bros., qui l’autorise à être pleinement compensé pour sa prestation, y compris en cas de litige, de licenciement ou même en cas de changement d’acteur pour le rôle cible. Depp échappe de fait aux fameuses clauses morales de certains contrats à Hollywood, qui aurait pu permettre au studio de se débarrasser de lui une fois que son comportement dans le privé avait été mis en lumière devant les tribunaux.
Wifebeater ? Money Maker !
Quant à estimer le montant des sommes engagées, différentes structures plus ou moins fiables parmi les compteurs de fortune du web évaluaient à 20 millions le cachet de Johnny Depp pour le second film Les Animaux Fantastiques. Un chiffre qui pourrait bien être assez près de la vérité, attendu que les salaires généraux de l’acteur oscillent généralement entre 20 et 40 millions pour les films Pirates des Caraïbes en production chez Disney depuis 2003. Après avoir frôlé la banqueroute en dilapidant sa fortune dans différentes lubies, en oubliant de s’acquitter auprès du Fisc de certaines de ses dettes, Depp avait revu à la hausse ses salaires pour les grosses productions ces dernières années (d’aucuns estiment d’ailleurs que la plupart de ses choix de carrière récents avaient pour but de combler ces dettes, d’où une prolifération de rôles peu marquants pour le cinéma des franchises).
Dernièrement, l’acteur perdait son procès en diffamation auprès du magazine The Sun devant la justice britannique. L’éditorial avait utilisé le terme « wifebeater » pour désigner le comédien. Selon le Hollywood Reporter, Warner Bros., en dehors du simple constat moral, aurait surtout eu peur que cette jurisprudence ne permette à d’autres antennes de presse d’utiliser une rhétorique du même genre au sujet de Johnny Depp, au moment de faire la promotion du troisième Les Animaux Fantastiques. Un désastre potentiel pour le département marketing du studio, qui n’aurait pas la possibilité d’empêcher la presse de faire son travail.
Cela étant, Warner Bros. avait bel et bien embauché Johnny Depp avant les premières accusations publiques d’Amber Heard vis-à-vis du comportement violent de son ex mari, et a vraisemblablement du se retrouver pris en tenailles une fois l’affaire révélée au grand jour. Quoi que le studio avait la possibilité de licencier le comédien entre Les Animaux Fantastiques 2 et 3, et a certainement pêché par excès de confiance en imaginant pouvoir s’épargner une polémique (à plus forte raison quand Heard est aussi en contrat avec le studio pour la franchise Aquaman, en parallèle). Pour l’heure, le fameux constat des accusations publiques sur les hommes violents, censés « détruire des carrières » ne se vérifie toujours pas – ou seulement à 20 millions de dollars près.