En surplomb d’une actualité morose pour la vie des parcs à thème en Occident, le Japon innove pour divertir le public en attendant le monde d’après. En attendant le lande Super Nintendo du parc Universal Studios au Japon, les studios Ghibli développent leur propre espace de jeu consacré aux grands films de Miyazaki et Takahata, tandis que les immenses créatures du folklore local se déclinent également dans de bien chouettes performances techniques. A Yokohama, un parc consacré aux Gundam de Yoshiyuki Tomino et Hajime Yatate présentait récemment les premiers pas de son robot mobile de 25 tonnes, et à quelques kilomètres, l’attraction Shin Godzilla du parc Nijigen no Mori de la préfecture de Hyogo était inaugurée cette semaine avec de premières démonstrations.
Entamée l’année dernière pour fêter les soixante-cinq ans de Godzilla depuis le premier film de 1954, l’énorme construction, baptisée « Godzilla Interception Operation Awaji dans la zone du parc Nijigen no Mori » propose aux visiteurs un tour de tyrolienne dans la gueule du colosse, pour détruire ses cellules radioactives à coups de pistolets électroniques une fois l’intérieur du monstre atteint. De premières images avaient commencé à circuler sur la toile dans le courant de cet été, avant d’ouvrir l’attraction au public en début de semaine.
Dans l’antre de la bête
Le visuel de ce manège atypique reprend l’apparence du monstre géant dans le film Shin Godzilla (Godzilla Résurgence) de Shinji Higuchi et Hideaki Anno sorti en 2016. Cette réinterprétation de la bête, séparée de son bestiaire habituel d’autres créatures à combattre et de son rôle de défenseur généralement positif, rendait à Godzilla son rôle d’allégorie de la peur nucléaire, en s’inspirant largement du drame de la centrale de Fukushima Daiichi. Succès immédiat au Japon, le film a depuis été importé aux Etats-Unis et en Europe et participé à dessiner les nouveaux standards esthétiques du monstre géant. Au point de devenir un objet de divertissement comme les autres, quoi que l’attraction embarque bien un message anti-nucléaire.
Le parc Nijigen no Mori avait prévu d’accompagner ce lancement d’une exposition temporaire sur l’histoire de Godzilla, sous la forme d’un musée fermé depuis le 31 août. Inauguré en retard suite au contre-temps pandémique, le manège débarque au carrefour de nombreux projets consacrés à la bête, avec une nouvelle série animée sur Netflix, une future rencontre avec King Kong dans le cinéma d’Hollywood, et de nouveaux films en gestation au sein de la Toho pour les années à venir. Belle période pour les fans de monstres géants.