Serait-il possible que Florian Zeller soit l’un de ces nouveaux réalisateurs à se faire attendre pour chaque nouveau projet ?
C’est fort probable ! Lui qui avait bouleversé le monde entier avec l’adaptation de sa propre pièce de théâtre Le Père : The Father sorti en 2020 et en était ressorti avec deux Oscars (dont meilleur acteur pour Anthony Hopkins). Il revient cette année avec The Son qui est aussi une adaptation de la pièce de théâtre du même dramaturge et constitue le deuxième acte de la trilogie entamée avec La Mère jouée en 2010 qu’on devrait s’attendre à voir adaptée dans les prochaines années. À moins que son auteur ne passe à autre chose.
Hugh Jackman dans The SonHugh Jackman dans The Son
The Son une bien triste histoire d’un adolescent de 17 ans enfoui dans un profond mal-être que ses parents ne parviennent pas à déceler. Des mots durs, des actes bouleversants, des scènes tires larmes, et comme pour The Father le spectateur est manipulé jusqu’à la fin. Zeller est de ceux qui aiment nous mentir pour mieux nous cueillir avec des scénarios qui n’épargnent aucune âme sensible. On pourrait trouver cela prétentieux ou au contraire ingénieux, mais dans les deux cas cela reste un nouveau tour de force émotionnel.
En voyant certaines scènes en huis clos entre un Hugh Jackman toujours tourmenté et incertain et la révélation Zen McGrath qui adopte un regard noir et désemparé tout du long sans oublier de lâcher quelques larmes. On pense facilement au Armageddon Time de James Gray, plus docile dans son ton mais pas forcément tendre envers ses jeunes héros. Mais Zeller choisit de jouer sur le danger et les peines de Nicholas, écarté du système scolaire, sévère envers sa belle-mère (Vanessa Kirby) qui finit par en souffrir, et peu communicatif avec père et mère (Laura Dern). Voilà un portrait assez caricatural de l’adolescent victime d’un bouleversement conjugal. Celui du père tombé amoureux d’une autre femme. Zeller force un peu trop les traits sur la psychologie de Nicholas ce qui amène des répétitions et inévitablement on voit assez vite où tout cela va mener. Même si le réalisateur veut et espère nous tromper, sa tentative est moitié vaine, moitié réussie.
Un peu à la manière de The Father (en plus de la présence Anthony Hopkins dans le rôle du père de Jackman), nous voilà à nouveau quasiment enfermé mais cette fois-ci avec quelques extérieures. On respire un peu de ces multiples interactions brutales où chacun s’emporte en évoquant le passé tumultueux dont découle la situation à laquelle ils font face. Verbalement secouant, mais ce n’est pas pour autant que l’on avance. Si il est souvent éprouvant et beaucoup trop dramatique The Son, derrière son casting 4 étoiles et ses paroles froides, cache un cinéma cynique et forcé. Zeller s’enferme dans une œuvre familiale mélancolique sans espoirs ni volonté.The Father était bouleversant, The Son est comme une prolongation ou une parallèle amer de ce dernier. Et hélas prévisible, mais malgré tout percutant (c’est ce qui est déconcertant en fin de compte).
Pour un second long-métrage inscrit dans le même registre du drame intense, Florian Zeller tente à nouveau de nous troubler. Et il y parvient avec succès, non sans répéter un schéma narratif redondant qui plonge tout le monde dans une tourmente émotionnelle sans fin. Si The Son est une réussite sur l’acting, il l’est moins sur l’écriture et la mise en scène qui manquent désespérément d’inventivité mais on à tendance à l’oublier. Le dramaturge devrait dépasser le cadre théâtral pour faire plus de cinéma et moins de scène. Les dialogues lui réussissent, la réalisation beaucoup moins. Nous voilà dans ce mélo drame familial coincé entre quatre murs (dans le bon comme dans le mauvais sens) porté par de nombreux talents du cinéma.
The Son mérite tout de même de l’audimat et des larmes.
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