Vous n’avez peut être pas encore entendu parler de Succession mais il est grand temps de vous y intéresser !
Extrêmement populaire aux États-Unis, la comédie noire/drama produite par HBO, Will Ferrell, Adam McKay et réalisé par Jesse Armstrong (Peep show, Fresh Meat) arrive à son terme ce dimanche 28 Mai avec la diffusion du 10ème épisode de la 4ème et dernière saison.
En France c’est dispo sur Prime vidéo avec le pass Warner, ce qui rend le visionnage un peu compliqué et ce qui explique que peu de personnes aient pu voir ce chef d’œuvre.
Car oui, on a pas peur des mots, Succession est un chef d’œuvre qui a trouvé sa place au moment parfait après la fin de Game of Thrones. Très différents de par le monde dans lequel ont lieu ces deux histoires, on peut tout de même faire le parallèle quant aux thématiques du pouvoir, de la succession, de la famille et bien d‘autres.

Avec tout ça, on a pas présenté la série, alors c’est partit.
Succession raconte l’histoire de la famille Roy, propriétaire d’un conglomérat de médias nommé Waystar RoyCo. Le patriarche, Logan Roy commence à avoir des problèmes de santé et la question de lequel de ses quatre enfants prendra la relève de la compagnie se transforme en compétition entre les héritiers qui ont tous des backgrounds et des relations à l’entreprise différentes.

Pas de quoi crier au chef d’œuvre tout de suite me direz vous.
C’est vrai, la prémisse est assez classique, shakespearienne même et ne fait pas trembler les murs. Mais la série à plusieurs forces qui, je l’espère, sauront vous convaincre de la regarder.

La première, son écriture.
Dans une histoire basée sur des conflits de personnages, il faut savoir rendre des scènes prenantes et intrigantes pour le spectateur alors qu’il s’agit «juste» d’une discussion. Dans cette catégorie, Succession fait des miracles en proposant des personnages complexes et torturés, chacun à leur manière, et en les faisant interagir dans diverses circonstances. Interactions qui évoluent au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire bien sur, des prises de position de certains personnages et des dilemmes moraux qui leur pèsent.

La finesse de cette écriture ne pourrait faire mouche sans le deuxième point fort de la série, ses acteurs et actrices.
En effet, qu’est ce qu’une histoire si les acteurs qui la joue ne nous donne pas la force d’y croire ?
Je peux vous assurer que dans Succession, la prestation des acteurs, vraiment tous, crève l’écran de justesse et de détails qui vous font sentir au plus proche de ce qu’il se passe.
Et pourtant, peu des acteurs casté pour la série étaient des «stars» avant la série.
On commence avec Brian Cox, qui incarne le père de la famille, le fabuleux Logan Roy. Hermétique et de peu de mots, sa présence n’est pas sans influencer les personnes dans la pièce. D’une nature manipulatrice et fort de sa compréhension de la société, il n’hésite pas à exploiter les faiblesse des gens afin d’arriver à ses fins.
Brian Cox est connu pour ses performances au théâtre, étant un grand acteur shakespearien. Il a longtemps joué comme second couteau dans des films hollywoodien (Braveheart, Zodiac, Churchill) mais c’est avec ce rôle dans Succession qu’il sera acclamé par la critique et reconnu comme un grand acteur. Rôle qui lui a (pour l’instant) rapporté un golden globe du meilleur acteur dans une série dramatique.

On enchaine avec le premier des quatre enfants, Connor Roy joué par Alan Ruck (La folle journée de Ferris Bueller, Bad Boys). Connor est le premier fils de Logan et n’a pas la même mère que les trois autres enfants, ce qui le place directement à part. Ayant connu une enfance sans son père, Connor n’est pas impliqué dans Waystar RoyCo. et a toujours vécu en marge de la société avec l’argent de son père. Rempli d’illusions et d’idées préconçues archaïques, Connor essaye de s’imposer comme l’ainé mais se heurte à la réalité des choses, il n’est qu’une blague pour les autres. Au delà des apparences, Connor est un homme qui se sent abandonné, alors même qu’il cherche l’amour de ses proches en permanence.

Viens ensuite celui qui est considéré comme «l’ainé» de la famille, Kendall Roy, porté à l’écran par Jeremy Strong. Acteur qui a été repéré par Adam McKay lors de leur première collaboration dans The Big Short, Jeremy Strong est maintenant détenteur d’un Emmy award et d’un Golden globe pour sa performance dans Succession. Incarnant le fils le plus impliqué dans l’entreprise et le plus logique successeur à Logan, Kendall souffre d’un lourd passé avec la drogue, d’anxiété chronique et d’un énorme manque de confiance en lui qui à tendance à le tourner en ridicule. Le personnage se balance entre celui qui veut jouer au dur et le chien obéissant aux ordres de papa. C’est dans sa quête pour s’affirmer et prouver sa valeur à son père et à l’entreprise que son personnage va imposer une performance des plus touchantes et humaines que j’ai pu voir depuis longtemps.

Dans la famille Roy nous avons également, Roman Roy, joué par Kieran Culkin. Magnifique performance ici encore (y’a que ca je vous préviens). Et son nom (Culkin) vous dit peut être quelque chose. En effet, Kieran est le frère de Macaulay Culkin, l’enfant star de Home Alone ! (Maman j’ai raté l’avion)
Le rôle le plus important de Kieran dans un film reste sa performance dans Igby Goes Down (2002) pour laquelle il sera nommé aux Golden Globes. Vous vous en doutez, c’est Succession qui va le propulsé à un autre niveau en l’emmenant compétité aux Golden Globes en 2019,2020,2022 et aux Primetime Emmy Award en 2020 et 2022. Il n’a pas encore remporté de statuette de ces prestigieuses cérémonies mais il lui reste une chance avec l’année 2023 et sa performance dans la dernière saison qui l’impose comme un candidat très sérieux.
Donc Roman Roy, aussi appelé Rome ou Romulus (par son père) est le 3ème enfant sur les quatre de la famille Roy. Cependant, il est toujours considéré comme le guignol de la bande et est souvent rétrogradé au rang de cadet. De par sa petite taille, sa tendance à ne pas prendre partie, à tourner en blague tout ce qui se passe. Il a peur d’agir et d’échouer et se cache en prenant tout à la rigolade. N’hésitant pas à lancer des blagues salasses et à jouer avec les limites, il trouve un malin plaisir à être sur le fil et à attirer l’attention de ceux qui lui sont supérieurs. Son évolution au cours des quatre saisons est sans conteste l’une des plus intéressantes et puissantes de la série.

Et maintenant la petite dernière, Siobhan «Shiv» Roy incarné par Sarah Snook. Actrice habituée des séries télévisée, elle a notamment joué dans Not Suitable for Children et Sisters of War. Pour le coup, elle a d’ores et déjà remporté un Golden Globes pour sa performance dans Succession mais ca ne l’empêche pas d’espérer viser une deuxième statuette cette année.
Le personnage de Shiv est tout à fait unique, étant la seule femme de la famille, elle a toujours été à l’écart des décisions, de la vie de l’entreprise. Elle a également vu et connu les nombreuses relations de son père avec des femmes, ce qui la laisse dans une vision du monde ou l’on ne peut s’attacher. Ainsi, elle va toujours chercher à ne pas s’engager directement. Ayant peur de se faire trahir ou de perdre, Shiv est extrêmement égocentrique et ne pense qu’à elle. C’est son mécanisme de défense face au monde dans lequel elle a grandi et ou elle vie. Elle n’a pas volonté à travailler dans la société de son père, elle est engagé politiquement contre les idées de sa famille et va toujours être celle qui apporte cette pointe d’opposition dans les discussions. Shiv est également pertinente dans l’aspect amoureux. En relation avec Tom Wambsgans (joué par Matthew Macfayden), leur relation vient souligner son charactère tout en mettant à l’épreuve sa vision des choses en permanence.

Vous l’aurez compris avec Tom, il y’a également bien d’autres personnages (Greg, Franck, Naomi, etc) qui mériteraientt que je parle d’eux. C’est d’ailleurs un point sur lequel je vous mets en garde, le début de la série peut vous rebuter de par la densité de personnages et de dynamique de relations qui vous sont présenté. Croyez moi, ca vaut le coup de s’accrocher et d’essayer de comprendre toutes ses dynamiques !

Le casting c’est terminé. Et il reste un point qui donne sa force à la série : Sa cinématographie.
La série a une mise en scène des plus particulières. Tout est filmé en caméra portée avec un cameraman qui se présente comme une personne appartenant au monde de la série. Ce qui donne un côté documentaire là ou ce n’en est pas du tout un. Tout est millimétré et le blocking (placement et mouvements des personnages) ainsi que le stagging (mouvement de caméra) sont pensés afin d’accentuer cette impression de proximité avec ce qu’il se passe. Les compositions restent incroyable de sens et l’utilisation du zoom afin d’accentuer l’attention sur un personnage et capturer sa réaction tombe toujours juste alors que l’action doit être faite manuellement et est très complexe à mettre en place sans créer un sentiment de malaise chez le spectateur. C’est une énorme réussite ici (même si un peu perturbant au début) qui sied parfaitement à l’histoire qu’on nous raconte.

Avec tout ca j’espère vous avoir donné envie de donner une chance à la série et j’espère qu’elle vous plaira autant qu’à moi.

Et si certains d’entre vous sont à jours et souhaitent avoir une meilleure compréhension des personnages, je vous invite à aller voir la chaine youtube de @JustanObservation (https://www.youtube.com/@JustanObservation) qui propose des analyses de chacun des personnages de la série très complètes. Les vidéos sont anglais !

Je vous laisse maintenant sur le trailer de la saison 1 (de retour 5 ans en arrière) pour vous mettre en bouche au delà des mots que j’ai pu employer :