Au cours de la décennie passée, la construction d’univers partagés avortés avant terme s’était transformée en véritable sport national chez les agents de marketing d’Hollywood. Le nombre (conséquent) d’échecs en la matière n’empêche pas Hasbro de rêver : annoncée dans les colonnes du Hollywood Reporter, le reboot des Power Rangers se confirme après quelques années de gestation. Mais là où l’ancienne tentative, pilotée par Paramount et le réalisateur Jonathan Entwistle (I Am Not Okay With This) devait se limiter au cinéma, Hasbro, après avoir pris le contrôle créatif de la marque, annonce désormais un univers partagé entre grand et petit écran. Entwistle reste attaché à l’écriture et à la mise en scène de ces deux projets d’adaptations simultanés, bombardé « showrunner » attitré des guerriers colorés du super sentai anglophone.

Transmutation ?

En 2017, Lionsgate s’essayait à l’exercice Power Rangers en confiant un projet de long-métrage au réalisateur Dean Israelite. Une approche de film de super-héros pour jeunes adultes inspiré par The Breakfast Club, diversement apprécié par la critique et véritable échec en salles avec 142 millions de dollars de recette contre 100 millions de budget de production, coûts de promotion exclus. En parallèle, les comics Power Rangers de Boom! Studios auront connu leur propre petite ascension avec des projets relativement variés et appréciés par les connaisseurs de l’équipe, sous un angle plus sombre et plus complexe. A voir si Hasbro choisira de suivre cette ligne plus inédite, quoi que le communiqué officiel évoque surtout l’intérêt de conquérir un public de jeunes spectateurs pas forcément amateurs des Power Rangers dans le présent.

Le choix de Jonathan Entwistle reste intéressant sur le papier : si le travail du bonhomme l’a bien conduit vers un couple de séries pour adolescents (accessoirement, deux adaptations de Charles Forsman, I Am Not Okay With This et The End of the F***ing World pour Netflix), ces boulots n’étaient pas forgés dans le sérail habituel des productions young adult américaines, plus sombres, plus mélancoliques ou plus fantastiques que les codes traditionnels. A voir, en espérant échapper à l’habituel coup de spiro-sabre dans l’eau.

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