Face à l’augmentation des jeux avec loot box, l’autorité de régulation des jeux en ligne française, ainsi que 15 autres régulateurs d’origine européenne et américaine, ont signé une déclaration commune. En effet les autorités liées aux jeux en ligne se disent préoccupées par l’amincissement de la frontière entre les jeux d’argent et les jeux vidéo. Et plus précisément, la fréquence grandissante de loot box, le système de gameplay dont la monétisation est basée sur le principe du pay-to-win. C’est en 2017 que ces « pochettes virtuelles » disponibles à l’achat ont fait leur apparition. Dès lors elles ont rapidement suscité la polémique auprès des joueurs, à cause des sommes importantes demandées en plus du prix du jeu à l’achat. Parmi eux, certains s’inquiétaient de la notion de jeux d’argent mis à disposition d’un public jeune. Les succès de PUBG en Asie et en Orient ou le succès de Fortnite en Amérique et en Europe illustrent très bien ce système de revenus qui profite énormément aux éditeurs, moins aux joueurs de la première heure…

À l’origine, une action de lobbying européenne…

À l’origine du débat, il y a une déclaration officielle de 16 régulateurs composés notamment de l’autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) en France. Cette déclaration datant du 17 septembre 2018, à l’occasion du Forum Européen des Régulateurs de Jeux d’argent (Gaming Regulators’ European Forum – GREF), alerte les autorités politiques sur « leurs préoccupations sur la porosité des frontières entre jeux d’argents et jeux ». Ce qui est mis en avant, c’est la protection des consommateurs et notamment des mineurs sur le fait que les loot box, les skin betting sont très proches des jeux d’argents, sans pourtant soumis aux mêmes régulations strictes.

En résumé, c’est une question de « gros sous » et une action de lobby qui se cachent derrière cette déclaration officielle. Car l’Arjel est par exemple composée de La Française des jeux, le PMU, SPS Betting France (Poker.fr, Bet.fr) ou encore Winamax. Les sociétés de jeux d’argents sont soumises à un cadre législatif beaucoup plus dur que les éditeurs de jeux vidéo. Notamment sur la cible des mineurs. En France, les mineurs n’ont pas le droit de consommer des jeux d’argents ou d’entrer dans un casino et les acteurs doivent annoncer des messages de prévention quant aux risques liés à cette consommation. Ce qui n’est aujourd’hui pas le cas, lorsque vous jouez à Fortnite, Candy Crush ou autre.

Si la « jalousie » et la concurrence entraînent ce type de déclaration, le fond de la protection reste louable. Du côté des joueurs, le système de pay-to-win et les loot box sont souvent décriés par les hardcores gamers. Mais ce principe s’est largement développé ces dix dernières années avec l’avènement des smartphones en Europe et en Amérique. Electronic Arts s’était confronté aux nombreuses critiques des joueurs sur son titre Battlefront II et avait même du retirer les loot boxe de son titre phare Fifa 2019.

Le principe du loot box dans le viseur de la justice…

De là, la politique s’est vite accaparée le sujet d’un point de vue légal. Le média Les Échos relevait en novembre 2018 une bataille judiciaire entre l’éditeur Electronic Arts et la justice belge concernant justement le jeu Fifa 2019. Outre-Atlantique, un sénateur américain, Josh Hawley, a clairement pris position pour réguler les jeux vidéo proposant le principe du loot box et tout autre type de hasard permettant d’avancer.  Dans un communiqué le sénateur a tenu ces mots : « Les médias sociaux et les jeux vidéo s’attaquent à la dépendance des utilisateurs, détournent l’attention de nos enfants du monde réel et tirent profit des habitudes compulsives. Quels que soient les avantages de ce modèle d’affaires pour l’industrie, une chose est claire, il n’y a aucune excuse pour exploiter les enfants par de telles pratiques.« .

Si pour le moment, aucun état fédéral aux État-Unis n’a adopté une loi visant à réguler les éditeurs de jeux vidéo dans ce domaine, d’autres politiciens se sont penchés sur ce cas, comme la démocrate Maggie Hassan. La proposition de loi du sénateur Josh Hawley permettrait à des citoyens de se constituer parties civiles et donc d’intenter une procédure envers les éditeurs de jeux vidéo.