Un procès qui a eu lieu en 1969 suite aux événements survenus l’été précédent, durant lequel 7 hommes ont mené des manifestations devant la convention démocrate de Chicago pour protester contre la guerre du Vietnam. Ces 7 hommes (les Chicago Seven), auxquels s’ajoute Bobby Seale, le cofondateur des Black Panther, ont été poursuivis en justice pour incitation à la révolte et conspiration suite à des débordements qui ont eu lieu lors de ces manifestations. Le réalisateur exploite ici un genre qui peut paraître assez compliqué, en effet le genre de film de procès a été fortement exploité par le passé, utilisé maintes et maintes fois dans des registres différents pour traiter de sujets tout aussi différents. Ce genre qui peut paraître épuisé, peut aussi en rebuter certains car c’est tout à fait le type de film qui peut être lent et fastidieux si il n’est pas bien exécuté. Sorkin nous prouve ici totalement le contraire, il nous montre qu’il peut rendre un film qui peut paraître à priori lassant et laborieux en un film dynamique et parfaitement rythmé. Le montage et les dialogues créent une dynamique au film qui ne peut que nous entrainer dans cette affaire tout aussi passionnante que consternante.
© Les Sept de Chicago
Un scénariste à toute épreuve
Aaron Sorkin nous montre encore une fois qu’il fait partie des meilleurs scénaristes de cette décennie, il arrive avec ce film à nous surprendre avec un rythme on ne peut plus maîtrisé qui alimente parfaitement l’intensité du procès qui se déroule sous nos yeux. Il arrive à nous narrer cette affaire avec brio et bien qu’il rende la construction du récit assez complexe en commençant avant lesdits-événements puis en nous plongeant directement dans le procès sans passer par les incidents de l’été 68 qu’il nous présentera à l’aide de flashbacks, malgré cette complexité apparente, le film est vraiment fluide. Il ne nous perd jamais et on arrive à être captivé tout au long de cette intrigue. Les flashbacks qui alimentent le film ne sont pas non plus là pour juste exemplifier ce qui est exposé durant l’audience, ils nous apportent des éléments, des clés pour comprendre l’ensemble de l’affaire. Aaron Sorkin les utilise aussi pour faire parler ceux qui ne le peuvent pas, faire dire à ses personnages ce qu’ils ne peuvent exprimer durant leur propre jugement. Ce sont ces flashbacks qui permettent de juxtaposer toutes les versions des faits et de nous permettre à nous, spectateurs, de nous construire une opinion vis-à-vis de cette affaire.
© Les Sept de Chicago
Une simplicité maîtrisée
Simple et efficace, c’est ce qui ressort pour moi de ce film si on se penche sur le côté purement formel de cette œuvre. Sorkin ne met aucun artifice, le film n’a recourt à aucun moment à des effets de montage ou de mise en scène vraiment particuliers, juste le nécessaire et c’est ce dont le film a besoin. Pour raconter une histoire comme celle-ci, il faut que le long-métrage reste authentique, naturel et que le spectateur se focalise sur l’intrigue et ses personnages sans être absorbé par des effets superficiels qui gâcheraient, à mon sens, l’expérience du film. Il nous propose des champ/contre-champ on ne peut plus efficaces et joue tout de même pas mal sur les perspectives et les lignes directrices de son cadre pour le rendre vraiment agréable à regarder.
Un casting prodigieux
Le film nous met en scène un casting 5 étoiles, des acteurs tous aussi talentueux les uns que les autres qui nous livrent un performance plus collective qu’individuelle qui est assez fascinante à voir. Tous les acteurs sont sur un même piédestal et nous livrent un ensemble vraiment bluffant qui nous tient en haleine de la première à la dernière minute. La crédibilité qui émane de cette interprétation est assez dingue, on oublie totalement les acteurs qui laissent pleinement place à leurs personnages en nous livrant un tout aussi touchant qu’explosif.
Les Sept de Chicago est un film qui malheureusement résonne parfaitement avec les récentes actualités, il nous montre une Amérique divisée et une injustice totalement invraisemblable mais pourtant bien réelle. Un film qui jongle entre les genres de la comédie et du drame judiciaire et politique, à la fois simple d’un point de vue de la forme mais complexe dans sa construction. Il nous propose de découvrir ce procès à travers les yeux de chacun de ses personnages et ne nous laisse aucune seconde de répit jusqu’à sa dernière scène qui est à la fois une délivrance et un déchirement.
Le film est disponible sur Netflix