En mars, le long-métrage d’Alan Moore et Mitch Jenkins manquait sa première projection officielle au festival South by Southwest, annulé, comme énormément d’autres festivals, salons ou événements de groupe, suit la pandémie. Dans la continuité des court-métrages Show Pieces écrits et réalisés par les deux lurons, The Show serpente depuis lors dans l’imaginaire collectif des quelques derniers adorateurs du barbu de Northampton, véritable curiosité et premier objet authentique d’Alan Moore pour le cinéma ou la télévision sur lequel l’auteur n’a pas apposé de véto. Il s’agira surtout de son premier travail sur un format long depuis la fin de sa carrière d’auteur de comics, annoncée l’année dernière avec le dernier volume de La Ligue des Gentlemen Extraordinairs : La Tempête. Le projet se montre dans une première bande-annonce, mystique, oui, mais aussi étonnamment pop.

The Show, entre Providence et Jérusalem

Sans surprise, The Show évoluera dans un paysage familier des fans de Moore, la fameuse cité de Northampton, fief de l’écrivain qui avait déjà servi de terrain d’analyse à l’épais roman Jérusalem. Un synopsis officiel accompagne le projet : revenu des Etats-Unis, le stoïque détective privé Fletcher Dennis a été engagé pour trouver une certaine personne et un certain artefact pour un client particulièrement insistant. En arrivant dans la ville, ce héros quelque peu paumé se retrouve vite au carrefour de mythologies éparses, avec des gangsters amateurs de vaudou, d’anciens justiciers masqués et de mystérieuses femmes fatales. Puis vient la nuit, lorsque Northampton s’engouffre dans le cauchemar de l’échec britannique, et où d’énigmatiques figures aux airs de divinités du spectacle guideront le héros dans cet enchevêtrement de rêve et de réalité, décrit comme un délire sinistre, une austérité hallucinée. Rien de moins que ça au programme.

En coulisses, The Show se présente comme une suite logique des spectacles Show Pieces, où Alan Moore se mettait en scène dans un rôle de comédien mystique à gueule d’or. Inspirés par le spectacle burlesque, et l’envie de s’essayer à d’autres forts de récits, les Show Pieces auront permis au bonhomme de s’essayer à l’écriture de formats filmés et d’affuter son propre jeu d’acteur (et fera d’ailleurs partie de la distribution pour le film aux côtés des autres comédiens, sans surprises).

Pour l’heure, The Show n’a pas encore annoncé de date de sortie, mais sera présenté dès la semaine prochaine au festival international du film fantastique SITGES, une bonne occasion d’en apprendre plus sur le projet. A noter que la bande-annonce présentée cette semaine n’est pas tout à fait identique à celle envoyée aux distributeurs francophones en début d’année, avec, notamment, l’ajout du morceau Bloodrush du musicien Andrew Broder avec le rappeur Denzel Curry. Une attaque originale pour un long-métrage composé par le barbu (quoi que ce-dernier ne soit pas réfractaire au hip hop – cherchez « Slowthai » et « Alan Moore » sur le web si le rap britannique et les coups de mains entre voisins vous intéressent), et probablement commandée par un éventuel distributeur.