Alors que l’arrêt de la production de toutes les franchises Marvel diffusées sur Netflix (Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist et Defenders ) est officiel, nous avons droit en cette fin janvier 2019 à la seconde et ultime saison de The Punisher. Sortez les gros flingues, affûtez vos lames et enfilez vos combat boots, le Punisher est de retour pour un dernier baroud d’honneur et compte bien « finir le boulot ».
Rappel de la saison 1…
6 mois ont passé depuis le dénouement sanglant de la saison 1 de « The Punisher ». Billy Russo est défiguré et la moitié des os de son corps sont brisés. Condamné à rester prisonnier de ses cauchemars et attaché au lit d’une chambre d’hôpital, il reçoit la visite régulière de l’agent spécial Madani, tout juste remise de ses blessures, venant se délecter de la souffrance de son bourreau. Quant à Franck Castle, à peine la saison commencée que le voilà déjà la gueule en sang et aux prises avec des bad guys dont on ne sait rien. Après un petit flash-back de 24 heures – une récurrence dans cette saison 2 – on retrouve notre ex-Marines en train de « rouler sa bosse » accoudée dans un bar à boire des bières, écouter du blues-rock bien « ricain » et à draguer la serveuse. Wait… What ?!
Alors que d’ordinaire les tête-à-tête de Franck sont plutôt du genre interrogatoire musclé dans le sous-sol d’une cave cradingue, on nage ici dans une ambiance en apparence décontractée. En apparence seulement, car (fort heureusement) les choses vont vite déraper et le naturel revenir au galop : gueules fracassées à grand renfort d’éviers, coups de couteau dans les côtes et gun-fights vénères vont transformer notre gentil décor de bar en véritable théâtre de guerre. Ce n’est pas trop tôt me direz-vous…
En effet, quand on lance un épisode de The Punisher, on est en droit de s’attendre à voir John Bernthal (l’acteur incarnant Franck à l’écran) beugler comme un sourd et dessouder des pauvres types au M16. Ainsi, l’attente construite tout du long de ce premier épisode est récompensée par une décharge de violence et de brutalité qui nous rappelle que l’on n’est pas devant un épisode de Arrow. Une sorte d’impatience malsaine que l’on partage avec le personnage principal qui n’attendait qu’une bonne occasion pour s’adonner à sa passion, à savoir envoyer des rafales de phalanges et recouvrir ses vêtements de sang. En cela, ce premier épisode est, selon moi, le plus réussi de cette saison 2, car contrairement au reste des 13 épisodes, la violence des affrontements ne semble pas totalement gratuite et apporte un petit quelque chose au récit.
Le reste du temps, la violence à l’écran ne sera que purement visuelle et dépourvue de sens. À ce titre la série mérite bien son label « 16 et + », car si à la question « Votre série vous l’aimez comment ? » vous répondez « Bien saignante !! », alors vous allez être servi. Régulièrement reprise dans les nombreux dialogues entre les protagonistes de l’histoire, la capacité du personnage de Franck Castle à faire ce que nul autre justicier de l’écurie Marvel ne pourrait imaginer est clairement explicitée à l’écran. Mention toute particulière aux gros plans sur les visages complètement défigurés des ennemis qui risquent de sérieusement vous couper l’appétit. Malheureusement, aussi jouissif que cela puisse paraître, cette avalanche de violence gore décomplexée marque l’une des grandes faiblesses de cette saison 2. Mises à part quelques scènes d’actions sympathiques et 2 ou 3 idées de réalisation, on est loin des acrobaties et des fulgurances de mises en scène de la série « Daredevil ». On reste donc toujours sur un schéma classique que ce soit en termes de scènes d’actions, mais aussi de scénario.
The Punisher, saison 2 : le contexte
Plusieurs mois se sont écoulés depuis la conclusion de l’enquête de Franck sur le meurtre orchestré de sa famille et l’arrestation de son ancien frère d’armes Billy Russo. Ce dernier s’étant révélé être un des responsables du malheur de Franck, il finit la saison 1 le corps en mille morceaux et défiguré après que son visage ait été broyé dans du verre. Pendant ce temps-là, l’agent spécial Dinah Madani tente tant bien que mal de se remettre de ses blessures et gérer sa haine envers Russo. À notre joyeux trio va venir se joindre une jeune fille du nom de Amy qui essaye de fuir un tueur psychopathe monolithique au look de pasteur Mormont. Alternant entre deux intrigues, la traque de Billy et la protection d’Amy, le scénario de cette saison 2 de The Punisher nous balade sans arrêt entre les rues mal famées de New-York et des intérieurs d’appartements pour poser de nouvelles dynamiques et problématiques aux personnages. Ne comptez pas sur quelques rebondissements que ce soient tant ceux-ci s’avèrent bien trop prévisibles pour susciter la moindre tension, la faute à un scénario bâclé, et ce malgré l’introduction de nouveaux protagonistes.
On pourra tout de même se féliciter du retour de quelques têtes bien connues du Marvel Netflix Universe même si on tombe facilement dans le piège du caméo paresseux. L’ennui s’installe d’autant plus rapidement devant ce jeu du « chat et de la souris » puisqu’il s’étire sur plus d’une dizaine d’épisodes qui manquent cruellement de rythme. Des lacunes en termes de narration que l’on pouvait déjà retrouver dans la saison 2 de Luke Cage qui avait le défaut d’étirer son intrigue dans le temps. On soulignera néanmoins le développement de thématiques fortes comme la rédemption, la réaction face au danger et à la violence, la construction de l’identité et le syndrome post-traumatique. Des thématiques qui collent parfaitement à l’ambiance du comics et au personnage créé par Gerry Conway, Ross Andru et John Romita Sr. Une fois de plus on ressent, à la vue de cette saison 2 de The Punisher, que l’Amérique sonde ses propres cauchemars et cherche à guérir de ses traumatismes passés et présents. Si toute l’atmosphère militaire et la thématique des services secrets de la première saison sont absents, on retrouvera cependant dans cette ultime saison un questionnement sur la place de la violence dans la société américaine et dans la construction de son identité en tant que nation.
Notre conclusion…
Faisant figure de « dernier homme debout », la saison 2 de « The Punisher » vient clore les aventures de Franck Castle sur Netflix et, par là même, fait baisser le rideau sur celles de tous les justiciers de l’écurie Marvel sur la plate-forme de vidéos à la demande. Une fin certes prévisible, mais aussi une fin regrettable quand on voit avec quelle manière nos adieux sont faits à l’anti-héros de Marvel. Scénario inintéressant, absence de rythme et abus de violence gratuite, cette saison 2 de The Punisher fait clairement office de dommage collatéral et ce n’est pas quelques scènes d’actions inspirées, l’abord de thématiques puissantes ou encore l’interprétation tout en rage et cordes vocales de John Bernthal qui viendront sauver le soldat Castle de cette balle perdue.