Dans le cadre d’un portrait détaillé de Walter Hamada, président de DC Films dans l’enclave du groupe AT&T, la rédaction du New York Times détaille les prochaines années des adaptations de DC Comics au cinéma dans un contexte particulier. Après la sortie et le (début de) succès de Wonder Woman 1984, l’antenne super-héros de ce petit empire culturel vise une expansion progressive d’ici les années à venir. La feuille de route de DC Films a toutefois ceci de particulier qu’elle n’intègre pas de futurs projets pour le réalisateur Zack Snyder, dans la foulée du chantier « Snyder Cut » de la Justice League sur HBO Max.
En interne, les pontes de la Warner décrivent le plan du cinéaste comme un « cul-de sac » narratif (en Français dans le texte), et précisent bien que le bonhomme ne fera plus partie de l’aventure une fois la Snyder Cut mise en ligne sur la plateforme. Pris à la gorge sur une année de lancement avec peu (ou pas) d’exclusivités pour défendre le service, face à la prolifération des produits Netflix et au Mandalorian de Disney+, AT&T avait finalement choisi de céder aux attentes des fans pour la Snyder Cut de Justice League, considérant que cet objet là leur coûterait sans doute moins cher (ou serait plus rapide à monter) qu’un projet inédit. 70 millions et un inattendu volet Joss Whedon plus loin, Warner Bros. et DC Films ne semblent pas impatients de rempiler avec Zack Snyder, pour le moment.
Snyder Final Cut
Débarqué de Justice League après une quasi-complétion de tournage, le réalisateur avait du assumer la mort de sa fille et la trahison des pontes de studio qui, sans le consulter, lançaient un appel d’offre pour réécrire une bonne partie du film dans son dos. Résultat catastrophique d’années de castration artistique et de comportement abusif vis-à-vis des artistes embarqués dans les productions DC Films, le projet sorti d’usine fut à la hauteur du procédé : une aberration, cumul de mauvaises pratiques dans Hollywood du fric et des financiers. Tentative de copie carbone des Avengers de Joss Whedon, reshoots imposés sans l’accord du réalisateur original à la Fantastic Four, blockbuster fade à la Men in Black International, une catastrophe industrielle culte depuis la moustache numérique de Henry Cavill jusqu’aux champs contrechamps aux couleurs opposées sur énormément de scènes.
Si personne n’eut à l’époque l’idée de s’organiser pour attaquer en justice les producteurs responsables du carnage, les fans auront beaucoup reproché au studio cette avalanche d’erreurs de jugement. Si Zack Snyder aura (au moins) eu gain de cause en définitive, l’univers partagé prévu au départ a bel et bien disparu sans promesse de retour, après avoir coupé quelques têtes en interne et proposé l’idée d’une déconnexion générale des projets – qui laissera plus de place à Joker ou à The Batman, en attendant d’autres tentatives du même genre. A défaut de pouvoir compter sur une Justice League 2, l’envie de sauver la face (ou de couper le robinet financier) et un Zack Snyder revanchard empêche sans doute Warner Bros. de voir l’intérêt symbolique qu’aurait pu représenter un Man of Steel 2 par le cinéaste pour mettre un point final à sa propre petite saga.
Ne serait-ce que pour laisser Henry Cavill, actuellement disparu des radars de DC Films, faire ses adieux au public en bonne et due forme. Pour l’heure, on attendra le mois de mars pour voir ce que la Snyder Cut a dans le ventre, au-delà de sa chanson de Léonard Cohen et de son ratio carré.