Fin de partie pour Wendy CarrHolden Ford et Bill Tench. Interrogé dans les colonnes de VultureDavid Fincher, metteur en scène et grand chef d’orchestre de la série Mindhunter, reste perplexe quant à la possibilité de reprendre le tournage de la troisième saison. Le bonhomme entame depuis quelques jours une grande tournée d’interviews pour défendre les couleurs (grises) de Mank, adaptation de la vie du scénariste de Citizen Kane, et motif original de la pause imposée à Mindhunter après la seconde saison. Perplexe, Fincher évoque une problématique de budget, et une lassitude personnelle vis-à-vis de cette production chronophage.

L’épreuve de force des troisièmes saisons

Cette fois, Netflix ne serait effectivement pas la seule entité responsable de l’annulation éventuelle de Mindhunter. Au fil de son échange avec Vulture, le cinéaste parle des problématiques posées par la création de la série, partie sans showrunner attitrée et qui l’aurait obligé à prendre les choses en mains, en déménageant à Pitssburgh pour se rapprocher du tournage pendant une bonne partie des trois dernières années. Fincher évoque des semaines de quatre-vingt dix heures, et une difficulté à embrayer avec la seconde saison, entièrement réécrite suite à de premières propositions décevantes.

Le cinéaste, épuisé au sortir de ce chantier plus éprouvant que ses habituels projets de long-métrage, avait alors obtenu de Netflix une pause à durée indéterminée pour assouvir un fantasme de très longue date – Mank, longtemps remis à plus tard, avait été refusé par plusieurs autres studios pour le choix de David Fincher de tourner en noir et blanc. Le scénario de ce film avait été écrit par son père, Howar Kelly Fincher, qui mourra d’un cancer en 2003 à l’âge de 72 ans. Le projet était, au départ, de reprendre Mindhunter une fois Mank mis en boîte, mais, lorsque le journaliste en charge de l’interview demande au bonhomme si la série est terminée de son point de vue, voilà ce que Fincher répond :

« Je pense, probablement. Vous savez, cette série coûtait très cher à produire et n’étant pas regardée que ça. On avait envisagé de ‘terminer Mank, et de faire le point ensuite’, mais je ne pense vraiment pas que nous serons en mesure de la faire pour un plus petit budget que la saison 2. Et à un moment donné, il faut être réaliste sur le fait qu’on nous demande de transformer des dollars en spectateurs. »

Fincher ne ferme pas la porte à un éventuel retour de la série, pour peu que Netflix soit convaincu de l’intérêt de produire cette troisième saison. A défaut d’avoir suscité une adhésion massive de spectateurs, le diffuseur pourrait choisir de maintenir le projet pour l’image de marque, au vu de l’accueil critique triomphal des deux premières saisons une fois proposées au public. Un bon test pour voir si l’enseigne est décidément allergique aux oeuvres de long-terme, et n’assume plus ses projets ambitieux une fois passé un certain âge.

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