Il y a quelques semaines, l’Académie des Oscars annonçait une mise à jour des règles pour les postulants au titre de « Meilleur Film », avec toute une série de paramètres relatifs à l’inclusivité des projets. Ces nouvelles directives ne seront mises en place qu’à partir de l’année 2024, pour accompagner une transformation de long-terme de l’industrie du cinéma aux Etats-Unis. De l’autre côté de l’océan, la British Academy of Film and Television Arts accompagne le mouvement : l’entité britannique présente les détails d’une nouvelle ligne éditoriale, pensée pour faire plus de place aux communautés sous-représentées dans les médias filmés.
La décision intervient après la polémique « #BaftasoWhite » de ces dernières années, et la prise de parole de différents professionnels du cinéma, à l’image de Joaquin Phoenix, qui s’était exprimé sur le problème du racisme institutionnel au sein des studios après avoir reçu le prix d’interprétation pour son rôle dans Joker en février dernier. La liste des comédiens sélectionnés pour la catégorie « Meilleur Acteur » était exclusivement caucasienne pour cette soixante-treizième cérémonie de BAFTA Awards, avec Adam Driver, Taron Egerton, Leonardo DiCaprio et Jonathan Pryce. Constat similaire pour la catégorie « Meilleure Actrice » (Renée Zellweger, Jessie Buckley, Scarlett Johansson, Saoirse Ronan, Charlize Theron) et pour les deux catégories « Meilleurs Seconds Rôles », où la comédienne Margot Robbie avait même été nommée deux fois, pour deux films différents.
« Il s’agit d’une réévalution de nos valeurs », selon le président des BAFTAs
L’Académie britannique publie une liste de cent vingt changements mis en place dès l’année prochaine, appliqués au système de votes, au système d’adhésion à l’organisme et aux règles sur les campagnes d’éligibilité. La structure explique qu’il ne s’agira pas de mettre en place un système de quotas, mais d’éviter une concurrence déloyale et de combattre les inégalités et le manque d’opportunités pour les communautés sous-représentés dans le cinéma traditionnel.
Today we publish the #BAFTA2020Review detailing over 120 changes to our voting, membership and campaigning processes. The changes are a significant cultural shift for BAFTA and they address the lack of opportunity and equality in the industry. https://t.co/UeGmFi7LEK
— BAFTA (@BAFTA) September 24, 2020
Parmi les modifications les plus importantes, l’ouverture à une plus large sélection : le prix de la mise en scène et les deux prix d’interprétation accueilleront désormais six nommés plutôt que les cinq habituels. La pré-sélection des meilleurs réalisateurs/meilleures réalisatrices, jusqu’ici cantonnée à une liste préliminaire de dix candidats, s’allonge à vingt candidats potentiels avec une obligation de parité – soit dix réalisatrices au moins envisagées pour concourir dans les votes finaux. Les membres de l’Académie devront ensuite choisir parmi ces vingt candidat(e)s pour choisir les six réalisateur(ices) en lice pour le prix de la mise en scène. Pour rappel, en soixante-treize ans d’existence, une seule femme sera parvenue à se hisser jusqu’au titre de meilleure réalisatrice selon les BAFTAs – Kathryn Bigelow en 2010 pour le film The Hurt Locker.
Dans le même ordre d’idées, le prix du « Meilleur Film Britannique » sera ouvert à dix postulants. L’Académie précise que les votants auront désormais l’obligation de regarder l’ensemble des films en lice pour la cérémonie, et que 1000 nouveaux membres « ciblés pour ouvrir le panel de votants à des communautés peu représentés actuellement » seront bientôt intégrés au jury des BAFTAs.
Le président du comité des films de l’Académie, Marc Samuelson, explique que « l’un des enjeux de ce nouveau processus sera de ne plus condamner au silence de bons films que personne n’aurait la possibilité de voir. Le but de ces changements est de s’assurer que ces films seront jugés sur leur qualité, et pas sur la base d’autres critères. » Le président des BAFTAs, Krishnendu Majumdar, ajoute que « La représentativité est importante, comme ne le cesse de nous le rappeler la montée des mouvements anti-racistes à travers le monde. Ce renouveau créatif ne se limite pas aux règles d’adhésion ou aux awards – il s’agit de réévaluer l’ensemble de nos valeurs et la culture de l’Académie des BAFTAs. Nous sommes en faveurs de changements profonds et durables pour toute notre industrie. »